N° 75 - Avril 2001
9,50 €
ISSN : 1161-3122
à propos de l'exposition Nicolas Tournier au musée des Augustins à Toulouse Valentin; Nicolas Tournier; Nicolas Régnier; Guy François; Vouet et Vignon à Rome; L'école lorraine
Aux yeux de ses contemporains, Nicolas Régnier (Maubeuge, 1590 ? – Venise, 1667) comptait au nombre des artistes les plus réputés de la Venise du XVIIe siècle : il fut cité en 1663 parmi les quarante et un peintres de renom actifs dans la Cité des Doges, avec le titre élogieux de pittore classico. Ce succès fut toutefois rapidement oublié. Au début de notre siècle, ce n'est pas le célèbre portraitiste vénitien recherché des cours italiennes que redécouvrirent Hermann Voss et Roberto Longhi, mais l'un de ces nombreux Nordiques de passage à Rome : Nicolò Renieri, un artiste méconnu d'obédience caravagesque, adepte de la Manfredania Methodus et proche de Simon Vouet.
Si l'on en croit son biographe allemand, Joachim von Sandrart, Régnier acquit en effet à Rome "une réputation fort appréciable". Élève de Bartolomeo Manfredi, membre actif de la communauté nordique, il eut non seulement le privilège d'être reçu en qualité de "peintre domestique" chez le marquis Vincenzo Giustiniani, célèbre collectionneur, à la fois mécène du Caravage et amateur de Nicolas Poussin, mais aussi celui de figurer aux côtés de Pierre de Cortone comme provveditore allo studio de l'Académie de Saint-Luc. Sur les traces de Manfredi, d'Honthorst puis de Vouet, largement influencé par Guido Reni, Régnier fut l'un des principaux représentants d'un "caravagisme de séduction", selon l'expression de Jean-Pierre Cuzin, à la fois élégant, sensuel et décoratif.
Auteur : Lemoine Annick
Magazine : Dossier de l'art n° 75 Page : 54-65